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Oui, prince, je lan­guis, je brûle pour Thésée :
Je l’aime, non point tel que l’ont vu les enfers,
Volage ado­ra­teur de mille objets divers,
Qui va du dieu des morts déshon­or­er la couche ;
Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche,
Char­mant, jeune, traî­nant tous les cœurs après soi,
Tel qu’on dépeint nos dieux, ou tel que je vous voi.

Il avait votre port, vos yeux, votre lan­gage ;
Cette noble pudeur col­orait son vis­age,
Lorsque de notre Crète il tra­ver­sa les flots,
Digne sujet des vœux des filles de Minos.
Que faisiez-vous alors ? pourquoi, sans Hip­poly­te,
Des héros de la Grèce assem­bla-t-il l’élite ?
Pourquoi, trop jeune encor, ne pûtes-vous alors
Entr­er dans le vais­seau qui le mit sur nos bor­ds ?
Par vous aurait péri le mon­stre de la Crète,
Mal­gré tous les détours de sa vaste retraite :
Pour en dévelop­per l’embarras incer­tain,
Ma sœur du fil fatal eût armé votre main.

Mais non : dans ce des­sein je l’aurais devancée ;
L’amour m’en eût d’abord inspiré la pen­sée.
C’est moi, prince, c’est moi, dont l’utile sec­ours
Vous eût du labyrinthe enseigné les détours.
Que de soins m’eût coûtés cette tête char­mante !
Un fil n’eût point assez ras­suré votre amante :
Com­pagne du péril qu’il vous fal­lait chercher,
Moi-même devant vous j’aurais voulu marcher ;
Et Phè­dre au labyrinthe avec vous descen­due
Se serait avec vous retrou­vée ou per­due.

– Racine, Phè­dre, acte II, scène 5


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Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée…


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